Vendredi soir, j'ai eu la chance d'assister à une conférence donnée par Jean-Michel BOUDARD, ostéopathe et bien plus encore (
).
Pour la petite histoire, j'avais la deuxième édition de son bouquin "Le stretching pour votre cheval" qui était en cadeau avec un cheval mag il y a... un bail.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La 3ème sortira en début d'année prochaine.
Il était venu à l'écurie de course manipuler 2 très bons chevaux en décembre ou janvier il y a bientôt 4 ans. J'avais adoré le regarder bosser et l'écouter, mais je n'avais pas fait le lien sur le moment
J'avais failli lui demander de venir voir Baroum qui venait d'être réformé mais je n'avais pas osé. Fin de la parenthèse.
Il a monté une école d'ostéopathie, sur laquelle je zieutais, et organise des stages. Il y en avait un ce week-end à 15min de ma pension mais avec ma noyade de portable j'avais plus le budget ce mois-ci (taxe d'habitation + assurances après les impôts fin septembre...
). Il revient normalement au printemps prochain, mon cadeau d'anniversaire est tout trouvé
Son site : www.osteoequine.org
Thème du jour : Initiation au stretching du cheval et du cavalier.
La conférence a été captée par des élèves en communication. La vidéo lui reviendra, j'espère qu'il la mettra à dispo. Si c'est le cas je l'ajouterai ici.
Je vais essayer de rapporter ses explications, il va en manquer beaucoup
2h très denses qui m'ont laissées sur ma faim... Il aurait pu continuer 2 semaines ça m'aurait convenu
On a commencé par un petit tour de salle des gens présents. Il y avait peu de monde, à peine une vingtaine de personnes (en excluant les élèves de com'). On comptait 2 saddle-fitters, des gérants d'écurie et des proprios lambdas, venus, comme moi, chercher de quoi améliorer le bien-être de leurs compagnons équins.
1. Le stretching: kesazo et pourquoi ?Le stretching en anglais désigne les étirements.
On distingue 2 types d'étirements :
- passif : on prend la position (mise en tension du muscle), et on maintient 30sec ou plus.
- actif : on prend la position, on contracte le muscle quelques secondes, on relâche, et on essaie d'aller chercher un peu plus loin, on contracte, on relâche...
JMB nous a présenté son parcours et comment il en était venu à développer sa méthode. Il a commencé comme kiné (humain) et s'occupait d'athlètes de haut-niveau, notamment l'équipe de France de natation. Ils rencontraient énormément de problèmes de tendinites. La principale cause était un déséquilibre musculaire. En gros, les nageurs ne renforçaient que les muscles permettant d'aller plus vite, et pas du tout les muscles antagonistes ni posturaux.
Bilan : articulations décentrées, fatigue précoce, le tout aggravé par le volume d'entraînement.
Petit rappel musculaireOn distingue les muscles posturaux et les muscles dynamiques.
Muscle profond ou postural :- petit / court
- peu de puissance
- extrêmement endurant
---> on ne connait pas les noms en général
Muscle dynamique :- permet de mobiliser les segments les uns par rapport aux autres
- gros
- puissant
- vite fatigué
---> exemple : le biceps
Lors d'un mouvement (ex : faire un pas en avant), les muscles posturaux vont se contracter d'abord pour verrouiller les articulations et assurer la direction du mouvement. Ensuite, les muscles dynamiques, beaucoup plus puissants, vont permettre de propulser le corps tel que souhaité.
Si les muscles posturaux ne sont pas suffisamment renforcés, ils ne jouent plus leur rôle.
De même, lors d'un mouvement, le muscle antagoniste (celui permettant le mouvement inverse) est sollicité puisqu'il doit s'étirer pour permettre la contraction de l'autre.
Exemple : je veux plier mon bras (disons, rapprocher l'avant-bras du bras).
- Étape 1 : les muscles posturaux stabilisent le coude
- Étape 2 : le biceps se contracte
et simultanément le triceps s'étire
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Si l'un des 3 groupes musculaires est défaillant, ça coince et il y a risque de blessure.
Pour les nageurs, des exercices de renforcement/étirements des muscles antagonistes et posturaux ont été mis en place. En ré-équilibrant les masses musculaires, ils ont permis de réduire les blessures.
Plusieurs méthodes existent :
- Stretching Postural (Moreau)
- Anti-gymnastique
- Yoga...
L'idée d'équilibre reviendra tout au long de la conférence, pas seulement au sujet du physique.
Quand JMB est passé à l'équin, rien de tout ce qui était appliqué à l'humain avec succès n'était transféré.
Il a fait des tests, beaucoup chez les trotteurs, avant de se diversifier (galop, sports équestres, loisir).
2. Quelles indications / contre-indicationsOn va faire simple :
on ne manipule jamais un cheval souffrant d'une pathologie aiguë.
Exit donc les chevaux en phase inflammatoire que ce soit fracture, tendinite, ainsi que les chevaux qui viennent de prendre une grosse pelle ou de subir un choc (physique ou mental). C'est éventuellement de l'ordre du vétérinaire, dans tous les cas on laisse le cheval se remettre avant d'y toucher. Un peu comme nous, quand on s'est violemment vautré et que tout notre corps proteste, la dernière chose dont on a envie c'est de se faire tripoter. Ça vient après, quand on peut envisager d'être effleuré sans coller une beigne à la personne en question.
En revanche, on peut faire faire du stretching à un cheval souffrant d'une pathologie chronique : arthrose, fracture de fatigue... ou dont la phase inflammatoire est passée. Quand la fracture de Baroum a été diagnostiquée en Décembre, la véto m'a dit qu'on avait dépassé la phase inflammatoire. Il n'est donc pas forcément nécessaire d'attendre la guérison complète.
Cela dit, demander validation au véto avant de manipuler un cheval blessé reste du bon sens.
Il n'est pas nécessaire d'observer un délai avant de reprendre le travail. Toutefois, JMB déconseille de faire une grosse séance les jours qui précèdent une échéance... Testé et désapprouvé
3. Concrètement, on fait quoi ?JMB conseille de commencer par un bilan complet du cheval, réitéré toutes les semaines ou tous les 15j.
C'est long de passer en revue tout le corps.
Une fois les problèmes identifiés, mieux vaut se concentrer sur la/les zone(s) concernée(s).
Un membre peut être mobilisé dans plusieurs directions :
- vers l'avant / l'arrière
- vers l'intérieur (adduction) / l'extérieur (abduction)
- en rotation interne / rotation externe.
Chaque mouvement mobilise un ensemble de chaînes musculaires.
Lorsqu'on fait un bilan, l'objectif est de mesurer de façon objective l'amplitude des différents mouvements, et particulièrement les dissymétries.
Prenons l'exemple d'un antérieur qu'on avance comme sur l'image.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ce qui va nous alerter, ce n'est pas tant le degré auquel on peut lever le membre (qui dépend de la morphologie du cheval et de sa souplesse naturelle) que la différence éventuelle entre les deux antérieurs.
Autre point d'attention : lorsqu'on arrive en fin de mouvement, il y a quelques degrés où on sent la tension mais où ça reste élastique. C'est dans cette zone qu'on s'étire. Les muscles sont allongés mais pas dans la douleur. Si ça bloque directement façon "butée" (sans élasticité), il y a souci.
A retenir : on va toujours dans le sens facile.
Je reprends mon exemple de l'antérieur. Si ça coince quand j'étire l'antérieur droit vers l'avant, c'est que les muscles permettant le mouvement (le triceps brachial notamment) sont trop contractés. Si on veut aider le cheval à se relâcher, il ne faut pas forcer dessus mais au contraire, les soulager en réduisant la tension qui s'exerce dessus. On va donc ramener l'antérieur vers l'arrière, maintenir la position, ce qui va mettre au repos le triceps puisque c'est nous qui faisons le mouvement.
Petit aparté : attention à notre corps aussi quand on manipule un animal aussi costaud ! C'est un peu dommage de se faire un lumbago en étirant son cheval
JMB faisant humain et équin, au besoin... "Bonjour, mon cheval va mieux, le RDV sera pour moi finalement"
Une fois que le cheval se relâche, on peut éventuellement mettre en tension légèrement le triceps dans le but de le mobiliser et d'évacuer l'acide lactique. Dans tous les cas, on ne force pas.
Une petite séance de 15-20min par jour permet une meilleure amélioration que 3x40min/semaine. Chacun fait comme il peut évidemment.
Le détail des manipulations pour chaque membre est dans son livre. Il ne les a pas reprises à la conf, ça aurait été trop long.
4. Pour quels bénéfices ? a. PhysiqueDes exercices réalisés régulièrement entraînent une amélioration de la souplesse générale.
Ils permettent aussi d'identifier et de désamorcer les petites raideurs avant qu'on arrive à de la pathologie aiguë (seuil de rupture : tendinite, fracture, contracture...).
Le corps a une extraordinaire capacité de compensation. Une raideur dans le mollet sera inconsciemment compensée par une déviation du bassin, compensée par une torsion du buste, compensée par un décalage des épaules et de la nuque... jusqu'au moment où tout les muscles (dynamiques, donc vite fatigués !) seront incapable de continuer. Et à ce moment-là, patatras, le corps complet est en grève.
En revanche, si on identifie cette raideur du mollet suffisamment tôt, d'une part on forcera moins dessus, et d'autre part on fera en sorte de la décontracter avant que la moitié de nos muscles ne déclarent forfait, bourrés d'acide lactique (voire les tendons aussi, soumis à rude épreuve au passage).
Les blocages / raideurs qui reviennent peuvent soulever des questions sur le matériel utilisé ou le travail fourni.
Varier, varier, varier le boulot, l'attitude... ça ne fait que du bien.
b. MentalLe premier bénéfice, c'est la relation au cheval. On est dans un acte au minimum neutre, mais généralement perçu positivement puisqu'on va vers la facilité, jamais contre le cheval (ça va rentrer
). A force, le cheval se relâche avant même de le manipuler.
Comme en plus on apprend aussi à le connaître, et que ça permet de faire en sorte que le boulot se passe mieux (moins de raideurs = moins de conflit), c'est que du +
L'autre aspect est lié à la notion d'ancrage, définie en programmation neuro-linguistique (PNL).
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Utilisé aussi en hypnose, sophrologie, ... l'ancrage vise à intégrer un message, un état émotionnel, de façon à être capable de le retrouver "à volonté".
Valable aussi chez les chevaux, il peut les aider à retrouver un état de bien-être même dans une situation désagréable/stressante.
JMB prenait l'exemple d'un cheval en concours sur plusieurs jours. Faire une séance de stretching "comme à la maison" peut l'aider à surmonter le stress (nuit au box, déplacement, bruit...) et donc mieux récupérer (en plus du bénéfice physique pur).
[A finir]